samedi 22 janvier 2011

# 010 : Les Vies d'Hector Gaulois, Stanislas

Les Vies d'Hector Gaulois
Stanislas
Editions l'Association, Collection Patte de Mouche
2003

"- Pousse-toi de là toi !! Mon nom est HECTOR GAULOIS ! et je suis attendu pour sauver une princesse ...
- HECTOR !!
- Ne bougez pas Princesse ! Me voilà !"
Les vies d'Hector Gaulois, page 2

Draguer les mannequins du catalogue la Redoute

Pour s'échapper d'une vie coincée dans son fauteuil roulant, Hector Gaulois a créé une "invention magnifique" : Le Scanoscaphe ! C'est un casque relié à son ordinateur qui lui permet de voyager dans n'importe quel livre (que ce soit un album de Tintin, un roman de cape et d'épée ou même le catalogue de La Redoute). Mais à chaque fois, Hector finit par être expulsé de cette vie virtuelle ...

Un dessin léger et simple pour une histoire qui ne l'est pas.
A première vue, le ton est humoristique. Qui n'a pas rêvé de se retrouver dans un livre ou dans un film, à vivre des histoires extraordinaires, bien loin de la banalité quotidienne ? Mais le quotidien d'Hector Gaulois est pire que banal. C'est celui d'un homme coincé dans un corps qui ne veut pas répondre à l'âme qui est à l'intérieur, et qui n'a d'autre rêve que de pouvoir sortir de chez lui et enfin adresser la parole à cette jolie voisine qu'il observe du haut de sa prison dorée. Cette invention n'est-elle finalement qu'un moyen de ne plus regarder la réalité en face ? Quel stratagème Hector Gaulois va-t-il finalement trouver pour ne plus sortir de cette vie virtuelle ? C'est tout l'intérêt de cette petite histoire que l'on prend par un bout ou par un autre en fonction de notre humeur du moment, mais toujours avec plaisir.

Les Vies d'Hector Gaulois, page 10.
Moment où il choisit d'entrer dans un album de Tintin


mardi 4 janvier 2011

# 009 : Le Sursis

Le Sursis
Jean-Pierre Gibrat
Dupuis, collection "Air Libre"
Tome 1 (1997) Tome 2 (1999)

"Je dessine à l’instinct ce que je crois être les canons de la séduction féminine. On se réfugie dans un modèle de femme qu’on a à peu près l’habitude de dessiner, c'est-à-dire qu’on loupe un peu moins que d’autres [...]. Il y a plein de femmes qui ont énormément de charme et qui seraient intéressantes à dessiner tout autant qu’elles sont ! Mais on se crée ses propres clichés."
Jean-Pierre Gibrat, Interview sur Auracan.com

Marre des BD psychologiques, des intrigues rocambolesques, des albums dont on vous dit "c'est une bande-dessinée révolutionnaire !" ? Envie de vous reposer les yeux et le cerveau ? De vous laisser couler dans une histoire ? Lisez (ou plutôt regardez) Le Sursis.

Gibrat est un véritable artiste. Virtuose de l'aquarelle (qui n'est pas une peinture fade, il faut le rappeler) il dessine la France des années 40 et les femmes c
omme personne. Ce n'est pas très pertinent de choisir une BD seulement parce qu'elle a "de beaux dessins", cependant, ici chaque case est un tableau et vous pouvez rester regarder une planche plus longtemps que nécessaire juste parce que les couleurs et la perfection du trait vous emportent.

Ne vous attendez pas à être surpris par l'histoire. Elle ressemble à celle de nombreux films ou feuilletons déjà faits sur la
Seconde Guerre mondiale. La vie quotidienne d'un petit village en Aveyron, un déserteur, une belle femme, un café et ses clients typiques, la milice, des résistants, ... Malgré tout, cette bande dessinée crée une romance sur font historique qui est loin d'être plate ou de donner un sentiment de déjà vu. Il est rare de voir un album avec un travail sur le dessin aussi beau et réaliste, alors quand en plus l'histoire tient la route, on cours se plonger dedans !

Gibrat a fait une suite du Sursis, où il raconte l'histoire de la sœur de l'héroïne à Paris. Une belle femme au cœur de la guerre et une nouvelle fois un homme à contre-courant (Voir Le Vol du Corbeau). C'est donc une recette qui marche bien ...